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Titre : L'avenir de la haine Type de document : texte imprimé Auteurs : Jean-Pierre Lebrun, Auteur Editeur : Bruxelles [Belgique] : Ministère de la Communauté française Année de publication : 2006 Collection : Temps d'arrêt Importance : 64p. Format : 18cm Prix : gratuit Tags : violence psychologie Index. décimale : 155.2 Psychologie individuelle Résumé : Paru sur le site http://www.yapaka.be(consulté le 08/09/2008):
" Nous avons beau faire, beau dire, elle est pourtant là, la haine, dans notre vie au quotidien, dans nos colères, dans notre violence, dans notre agressivité bien sûr, mais aussi dans nos ruses, dans nos dérangements aussi bien que dans nos arrangements, dans la façon dont nous regardons, dans le ton de notre voix, dans nos vœux de maîtrise, dans notre voracité, dans la manière dont nous nous adressons à l’autre ou dont nous évitons de lui répondre, dans le comme si nous ne l’avions pas vu, dans le suspens dans lequel nous le tenons ou dans le sur-le-champ avec lequel nous lui donnons la réplique, dans le ridicule où nous le poussons, dans la boue où nous l’entraînons, dans nos soi-disant gentillesses ou nos fausses amabilités... enfin à y regarder d’un peu plus près, il faut bien en venir à ce constat : la haine m’habite, elle est dans ma vie, dès son début sans doute et avant même que je m’en souvienne mais qui est-elle et d’où vient-elle
La haine est toujours haine de ce à quoi parler contraint. Elle est donc aussi la trace de ce que l’autre m’a déjà atteint. Mais pourquoi la haine ? Disons qu’elle survient à chaque fois que se rappelle au sujet que c’est le vide qui habite le plein. A mettre ainsi la haine au cœur de ma parole, il faut convenir que cela ne me laisse aucune chance pour m’en débarrasser vraiment. A mettre ainsi l’autre au cœur de moi-même, il faut convenir que cela ne me donne aucune chance de me trouver bien avec mon seul moi-même. A mettre ainsi le vide au centre du plein, il faut convenir que cela rend suspecte toute consistance qui se donnerait comme sans faille.
Pourquoi nous étendre sur tout cela pour parler de la haine ? D’abord parce qu’il faut savoir pourquoi elle nous habite, pourquoi elle peut surgir en nous à chaque instant, il faut saisir pourquoi elle nous suit comme notre ombre, ceci nous dispense de vouloir nous en dispenser, de travailler à l’éradiquer, de penser pouvoir nous en débarrasser. Ensuite parce qu’il faut identifier ses destins possibles, ce qu’on peut espérer pour son avenir, peut-être même accepter qu’il y a de bonnes et de moins bonnes manières de faire avec elle, et que pour ce faire, il n’est pas inutile de prendre la mesure de comment on a jusqu’aujourd’hui fait avec elle, ce qui d’ailleurs nous permettra de nous demander si c’est toujours avec le même soin qu’on la prend en charge pour la faire mûrir, pour la rendre comestible et même digeste, autrement dit le moins toxique possible. Enfin, parce que lorsqu’on s’occupe de maltraitance, il pourrait être utile de savoir les différents visages qu’elle peut prendre, les diverses évolutions qu’elle peut rencontrer, et si tout cela est à peser du même poids dans le risque que la haine fait courir à ceux qui feront la génération de demain.
Car ce n’est pas la haine qui est en soi à discréditer, puisqu’elle est aussi la vie, il suffit de penser à ce qu’elle est bien acceptée en cas de cas de légitime défense par exemple. Etre capable de haine, c’est aussi assumer d’avoir à se défendre si l’on est effectivement menacé, avoir l’obligation de se préserver, d’assurer sa viabilité. Il nous faudra introduire la différence entre la haine et ce que nous appellerons la jouissance de la haine, autrement dit la satisfaction que l’on peut tirer du fait de s’autoriser à la haine, de lui laisser libre cours. Ce n’est pas la haine qui doit être interdite puisque de toutes les façons, il est impossible de l’éradiquer, mais c’est de jouir de sa haine, de se maintenir dans la jouissance de la haine qui est interdit.
Voilà pourquoi la haine de l’enfant a besoin de rencontrer chez un autre de la génération qui le précède une façon de nouer le désir et la loi, un témoignage de quelqu’un qui a déjà lui-même fait ce travail. Voilà pourquoi, de ne rencontrer personne à cet endroit, laissera l’enfant abandonné à lui-même, autrement dis à la jouissance de sa propre haine.
C’est à prendre la mesure de tout cela que nous serons peut-être un peu moins dans l’impuissance et un peu plus dans la capacité de soutenir l’impossible de la tâche qui nous revient toujours, celle de transmission de ce qui fait la condition humaine.
Jean-Pierre Lebrun
Note de contenu : Cette publication reprend l'intervention de Jean-Pierre Lebrun présentée lors de la conférence qui s'est tenue le 22 novembre 2005 au centre culturel de Theux à Polleur-Theux. Elle a été menée en partenariat avec le service de l'aide à la jeunesse de Verviers, Section de Prévention Générale.
En ligne : http://www.yapaka.be L'avenir de la haine [texte imprimé] / Jean-Pierre Lebrun, Auteur . - Bruxelles (44 Boulevard Léopold II, 1080, Belgique) : Ministère de la Communauté française, 2006 . - 64p. ; 18cm. - (Temps d'arrêt) .
gratuit
Tags : violence psychologie Index. décimale : 155.2 Psychologie individuelle Résumé : Paru sur le site http://www.yapaka.be(consulté le 08/09/2008):
" Nous avons beau faire, beau dire, elle est pourtant là, la haine, dans notre vie au quotidien, dans nos colères, dans notre violence, dans notre agressivité bien sûr, mais aussi dans nos ruses, dans nos dérangements aussi bien que dans nos arrangements, dans la façon dont nous regardons, dans le ton de notre voix, dans nos vœux de maîtrise, dans notre voracité, dans la manière dont nous nous adressons à l’autre ou dont nous évitons de lui répondre, dans le comme si nous ne l’avions pas vu, dans le suspens dans lequel nous le tenons ou dans le sur-le-champ avec lequel nous lui donnons la réplique, dans le ridicule où nous le poussons, dans la boue où nous l’entraînons, dans nos soi-disant gentillesses ou nos fausses amabilités... enfin à y regarder d’un peu plus près, il faut bien en venir à ce constat : la haine m’habite, elle est dans ma vie, dès son début sans doute et avant même que je m’en souvienne mais qui est-elle et d’où vient-elle
La haine est toujours haine de ce à quoi parler contraint. Elle est donc aussi la trace de ce que l’autre m’a déjà atteint. Mais pourquoi la haine ? Disons qu’elle survient à chaque fois que se rappelle au sujet que c’est le vide qui habite le plein. A mettre ainsi la haine au cœur de ma parole, il faut convenir que cela ne me laisse aucune chance pour m’en débarrasser vraiment. A mettre ainsi l’autre au cœur de moi-même, il faut convenir que cela ne me donne aucune chance de me trouver bien avec mon seul moi-même. A mettre ainsi le vide au centre du plein, il faut convenir que cela rend suspecte toute consistance qui se donnerait comme sans faille.
Pourquoi nous étendre sur tout cela pour parler de la haine ? D’abord parce qu’il faut savoir pourquoi elle nous habite, pourquoi elle peut surgir en nous à chaque instant, il faut saisir pourquoi elle nous suit comme notre ombre, ceci nous dispense de vouloir nous en dispenser, de travailler à l’éradiquer, de penser pouvoir nous en débarrasser. Ensuite parce qu’il faut identifier ses destins possibles, ce qu’on peut espérer pour son avenir, peut-être même accepter qu’il y a de bonnes et de moins bonnes manières de faire avec elle, et que pour ce faire, il n’est pas inutile de prendre la mesure de comment on a jusqu’aujourd’hui fait avec elle, ce qui d’ailleurs nous permettra de nous demander si c’est toujours avec le même soin qu’on la prend en charge pour la faire mûrir, pour la rendre comestible et même digeste, autrement dit le moins toxique possible. Enfin, parce que lorsqu’on s’occupe de maltraitance, il pourrait être utile de savoir les différents visages qu’elle peut prendre, les diverses évolutions qu’elle peut rencontrer, et si tout cela est à peser du même poids dans le risque que la haine fait courir à ceux qui feront la génération de demain.
Car ce n’est pas la haine qui est en soi à discréditer, puisqu’elle est aussi la vie, il suffit de penser à ce qu’elle est bien acceptée en cas de cas de légitime défense par exemple. Etre capable de haine, c’est aussi assumer d’avoir à se défendre si l’on est effectivement menacé, avoir l’obligation de se préserver, d’assurer sa viabilité. Il nous faudra introduire la différence entre la haine et ce que nous appellerons la jouissance de la haine, autrement dit la satisfaction que l’on peut tirer du fait de s’autoriser à la haine, de lui laisser libre cours. Ce n’est pas la haine qui doit être interdite puisque de toutes les façons, il est impossible de l’éradiquer, mais c’est de jouir de sa haine, de se maintenir dans la jouissance de la haine qui est interdit.
Voilà pourquoi la haine de l’enfant a besoin de rencontrer chez un autre de la génération qui le précède une façon de nouer le désir et la loi, un témoignage de quelqu’un qui a déjà lui-même fait ce travail. Voilà pourquoi, de ne rencontrer personne à cet endroit, laissera l’enfant abandonné à lui-même, autrement dis à la jouissance de sa propre haine.
C’est à prendre la mesure de tout cela que nous serons peut-être un peu moins dans l’impuissance et un peu plus dans la capacité de soutenir l’impossible de la tâche qui nous revient toujours, celle de transmission de ce qui fait la condition humaine.
Jean-Pierre Lebrun
Note de contenu : Cette publication reprend l'intervention de Jean-Pierre Lebrun présentée lors de la conférence qui s'est tenue le 22 novembre 2005 au centre culturel de Theux à Polleur-Theux. Elle a été menée en partenariat avec le service de l'aide à la jeunesse de Verviers, Section de Prévention Générale.
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