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Auteur Elihu Katz |
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Titre : La télévision cérémonielle : Anthropologie et histoire en direct Type de document : texte imprimé Auteurs : Daniel Dayan, Auteur ; Elihu Katz, Auteur ; Lucien Sfez, Préfacier, etc. Editeur : Paris [France] : Presses universitaires de France Année de publication : 1996 Collection : La politique éclatée Importance : xx, 259 p. Format : 21 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-13-047710-5 Prix : 27€ Catégories : MEDIAS:AUDIOVISUEL: TELEVISION: Aspect socio-culturel Tags : médias aspect socio-culturel éducation aux médias communication contenu public programmation spectacularisation Index. décimale : 302.23 Media Résumé : Lorsqu'on parle de la «télévision», on a tendance à amalgamer toutes sortes d'expériences très différentes les unes des autres : il y a la télévision «bruit de fond», la télévision «zapping», la télévision «grand-messe quotidienne», ou encore la télévision «berceuse avant d'aller se coucher». Le premier mérite du livre de Dayan et Katz est de circonscrire d'emblée l'enjeu du débat à un genre télévisuel précis : la télévision cérémonielle, celle qu'on regarde en masse en ayant l'impression que quelque chose d'important est en train de se passer. On conviendra facilement que ce type d'expérience télévisuelle a une pertinence toute particulière dans les controverses sur la place de la télévision dans l'espace public et la vie citoyenne. Quelques caractéristiques du genre : on y trouve des émissions en rupture avec le quotidien, des organisateurs extérieurs à l'appareil médiatique mais souvent absorbés par la reconstruction médiatique de leur événement, un public préparé par de multiples annonces les jours qui précèdent le «grand moment», un «ton» de reportage portant l'accent sur le consensus, voire le protocole, une forte mobilisation de symboles, une quasi-obligation d'être témoin, et de participer ainsi à des chiffres d'audience qui dépassent l'imagination.
Les auteurs distinguent trois grands scénarios de télévision cérémonielle : les conquêtes, les confrontations et les couronnements. Les conquêtes consistent dans la reconnaissance par un large public d'un ou de plusieurs personnages charismatiques qui contiennent la promesse d'un changement profond de l'histoire. Le personnage en question prend des risques, il accomplit un exploit qui s'accompagne d'une séduction charismatique. Sa position, fragile au demeurant, est renforcée par l'énorme soutien dont, grâce aux médias, il bénéficie. Les téléspectateurs se trouvent placés dans une position de respect incrédule et anxieux, mais également dans celle de citoyens dont l'acte de regarder est presque une forme d'engagement et d'encouragement. Les confrontations (comme par exemple les jeux Olympiques ou les débats électoraux mais aussi les cérémonies judiciaires) sont organisées sous la question «qui va gagner ?». On y insiste beaucoup sur les règles de la confrontation, ainsi que sur la multiplicité des points de vue possibles sur une même réalité. Les spectateurs y sont à la fois arbitres et supporters de l'une ou l'autre partie : on attend d'eux des compétences de justice et de décentration. Les couronnements, enfin, sont la consécration de l'action d'un personnage. Ce qui s'y joue, c'est surtout l'attachement à certaines valeurs, la dramatisation de l'identité collective à travers son histoire et son hagiographie. Le héros couronné est, comme le héros charismatique, glorifié, mais se retrouve ici dans une position passive, réduit au statut d'emblème. Cela est particulièrement vrai lorsque le couronnement prend la forme d'un enterrement ou d'une procession.
Les auteurs s'intéressent ensuite à la façon dont ces événements médiatiques sont organisés &emdash; et notamment aux combinatoires d'interactions qui, selon le type de cérémonie, relient les organisateurs de l'événement, ceux qui lui donnent sa forme médiatique et le publient, et enfin, ceux qui, chez eux, manifestent par leurs réactions s'ils ont ou non adopté l'événement. Les contrats qui se «signent», dans de tels contextes de direct et de foule, sont souvent instables, et les scénarios prévus peuvent changer à tout moment. Le plus souvent, cependant, il est à noter que la télévision cherche à protéger l'événement, c'est-à-dire à en donner aux spectateurs une lecture qui en amplifie encore la signification. Dans le cas de cérémonies de couronnement, des clignotants sémantiques sont posés sur les éléments importants, dressant une sorte de jeu de piste que les téléspectateurs peuvent ensuite, décoder. Mieux : la télévision transpose l'événement dans ses propres codes. Elle utilise les moyens qui lui sont propres (par exemple la multiplication des caméras, la possibilité d'intercaler des mini-reportages aux temps morts, celle de «zoomer» sur un visage en pleurs, la présence de commentateurs et de spécialistes capables, lorsqu'il s'agit de cérémonies peu connues du public, d'offrir un «kit» historique de base) pour faire d'un événement un autre. L'événement est extrait de son contexte, il est découpé dans le temps et dans l'espace comme un être à part entière.
L'un des apports théoriques de ce livre est la mise en évidence de la transformation de la nature de l'espace public, qui grâce aux technologies de la communication tend à se superposer à l'espace domestique. On y trouve de très intéressantes remarques sur la manière dont ces événements médiatiques sont vécus, en petits groupes, par le public, alors même que «les rues sont désertées», comme on dit (les auteurs utilisent la métaphore du Seder). Une autre conclusion que tirent les auteurs est qu'il faut éviter les commentaires trop facilement sarcastiques à l'égard de telles cérémonies. Certaines d'entre elles, comme le Téléthon coréen pour le rassemblement des familles (une sorte d'immense «avis de recherche» qui mobilisera tout le pays pendant des mois), ou les voyages du Pape en Pologne, ou encore les retransmissions de la révolution de velours en Tchécoslovaquie, sont réellement à comprendre comme des événements historiques. Leurs effets peuvent être profonds et affecter des structures que personne n'aurait osé imaginer muables, qu'il s'agisse d'institutions, de personnages ou de mentalités.
On l'aura compris : non seulement le livre de Dayan et Katz est une contribution majeure à la sociologie des médias &emdash; cela, nous le savions depuis sa première parution, sous le titre Media events, en 1992. Mais aujourd'hui, en Belgique, les clés de lecture qu'il propose révèlent toute leur pertinence et leur fécondité heuristique. Depuis le mois d'août 1996, nous avons assisté à une suite de conquêtes, de confrontations et de couronnements, tous reliés les uns aux autres, et qui font de notre pays un véritable laboratoire de la télévision cérémonielle. Il n'est pas un concept mentionné dans cet ouvrage qui ne trouve son exemple dans l'actualité belge des dix derniers mois. Evidemment, le sens de l'expérience collective que nous sommes en train de vivre est spécifique et mérite d'être analysé ; toutefois, pour ce qui est de la compréhension de la manière et des potentialités historiques des mouvements actuels, ce livre est tout simplement incontournable.
(recension rédigée par Emmanuel Belin - UCL)
Note de contenu : Traduit de l'anglais et refondu par Daniel Dayan, avec la collaboration de Julien Feydy et de Marianne Robert. Cet ouvrage est la traduction française de "Media Events - The Live Broadcasting of History" (Harvard University Press, 1992)
Importante bibliographieEn ligne : http://www.puf.com/ La télévision cérémonielle : Anthropologie et histoire en direct [texte imprimé] / Daniel Dayan, Auteur ; Elihu Katz, Auteur ; Lucien Sfez, Préfacier, etc. . - Paris (108 Boulevard Saint-Germain, 75006, France) : Presses universitaires de France, 1996 . - xx, 259 p. ; 21 cm. - (La politique éclatée) .
ISBN : 978-2-13-047710-5 : 27€
Catégories : MEDIAS:AUDIOVISUEL: TELEVISION: Aspect socio-culturel Tags : médias aspect socio-culturel éducation aux médias communication contenu public programmation spectacularisation Index. décimale : 302.23 Media Résumé : Lorsqu'on parle de la «télévision», on a tendance à amalgamer toutes sortes d'expériences très différentes les unes des autres : il y a la télévision «bruit de fond», la télévision «zapping», la télévision «grand-messe quotidienne», ou encore la télévision «berceuse avant d'aller se coucher». Le premier mérite du livre de Dayan et Katz est de circonscrire d'emblée l'enjeu du débat à un genre télévisuel précis : la télévision cérémonielle, celle qu'on regarde en masse en ayant l'impression que quelque chose d'important est en train de se passer. On conviendra facilement que ce type d'expérience télévisuelle a une pertinence toute particulière dans les controverses sur la place de la télévision dans l'espace public et la vie citoyenne. Quelques caractéristiques du genre : on y trouve des émissions en rupture avec le quotidien, des organisateurs extérieurs à l'appareil médiatique mais souvent absorbés par la reconstruction médiatique de leur événement, un public préparé par de multiples annonces les jours qui précèdent le «grand moment», un «ton» de reportage portant l'accent sur le consensus, voire le protocole, une forte mobilisation de symboles, une quasi-obligation d'être témoin, et de participer ainsi à des chiffres d'audience qui dépassent l'imagination.
Les auteurs distinguent trois grands scénarios de télévision cérémonielle : les conquêtes, les confrontations et les couronnements. Les conquêtes consistent dans la reconnaissance par un large public d'un ou de plusieurs personnages charismatiques qui contiennent la promesse d'un changement profond de l'histoire. Le personnage en question prend des risques, il accomplit un exploit qui s'accompagne d'une séduction charismatique. Sa position, fragile au demeurant, est renforcée par l'énorme soutien dont, grâce aux médias, il bénéficie. Les téléspectateurs se trouvent placés dans une position de respect incrédule et anxieux, mais également dans celle de citoyens dont l'acte de regarder est presque une forme d'engagement et d'encouragement. Les confrontations (comme par exemple les jeux Olympiques ou les débats électoraux mais aussi les cérémonies judiciaires) sont organisées sous la question «qui va gagner ?». On y insiste beaucoup sur les règles de la confrontation, ainsi que sur la multiplicité des points de vue possibles sur une même réalité. Les spectateurs y sont à la fois arbitres et supporters de l'une ou l'autre partie : on attend d'eux des compétences de justice et de décentration. Les couronnements, enfin, sont la consécration de l'action d'un personnage. Ce qui s'y joue, c'est surtout l'attachement à certaines valeurs, la dramatisation de l'identité collective à travers son histoire et son hagiographie. Le héros couronné est, comme le héros charismatique, glorifié, mais se retrouve ici dans une position passive, réduit au statut d'emblème. Cela est particulièrement vrai lorsque le couronnement prend la forme d'un enterrement ou d'une procession.
Les auteurs s'intéressent ensuite à la façon dont ces événements médiatiques sont organisés &emdash; et notamment aux combinatoires d'interactions qui, selon le type de cérémonie, relient les organisateurs de l'événement, ceux qui lui donnent sa forme médiatique et le publient, et enfin, ceux qui, chez eux, manifestent par leurs réactions s'ils ont ou non adopté l'événement. Les contrats qui se «signent», dans de tels contextes de direct et de foule, sont souvent instables, et les scénarios prévus peuvent changer à tout moment. Le plus souvent, cependant, il est à noter que la télévision cherche à protéger l'événement, c'est-à-dire à en donner aux spectateurs une lecture qui en amplifie encore la signification. Dans le cas de cérémonies de couronnement, des clignotants sémantiques sont posés sur les éléments importants, dressant une sorte de jeu de piste que les téléspectateurs peuvent ensuite, décoder. Mieux : la télévision transpose l'événement dans ses propres codes. Elle utilise les moyens qui lui sont propres (par exemple la multiplication des caméras, la possibilité d'intercaler des mini-reportages aux temps morts, celle de «zoomer» sur un visage en pleurs, la présence de commentateurs et de spécialistes capables, lorsqu'il s'agit de cérémonies peu connues du public, d'offrir un «kit» historique de base) pour faire d'un événement un autre. L'événement est extrait de son contexte, il est découpé dans le temps et dans l'espace comme un être à part entière.
L'un des apports théoriques de ce livre est la mise en évidence de la transformation de la nature de l'espace public, qui grâce aux technologies de la communication tend à se superposer à l'espace domestique. On y trouve de très intéressantes remarques sur la manière dont ces événements médiatiques sont vécus, en petits groupes, par le public, alors même que «les rues sont désertées», comme on dit (les auteurs utilisent la métaphore du Seder). Une autre conclusion que tirent les auteurs est qu'il faut éviter les commentaires trop facilement sarcastiques à l'égard de telles cérémonies. Certaines d'entre elles, comme le Téléthon coréen pour le rassemblement des familles (une sorte d'immense «avis de recherche» qui mobilisera tout le pays pendant des mois), ou les voyages du Pape en Pologne, ou encore les retransmissions de la révolution de velours en Tchécoslovaquie, sont réellement à comprendre comme des événements historiques. Leurs effets peuvent être profonds et affecter des structures que personne n'aurait osé imaginer muables, qu'il s'agisse d'institutions, de personnages ou de mentalités.
On l'aura compris : non seulement le livre de Dayan et Katz est une contribution majeure à la sociologie des médias &emdash; cela, nous le savions depuis sa première parution, sous le titre Media events, en 1992. Mais aujourd'hui, en Belgique, les clés de lecture qu'il propose révèlent toute leur pertinence et leur fécondité heuristique. Depuis le mois d'août 1996, nous avons assisté à une suite de conquêtes, de confrontations et de couronnements, tous reliés les uns aux autres, et qui font de notre pays un véritable laboratoire de la télévision cérémonielle. Il n'est pas un concept mentionné dans cet ouvrage qui ne trouve son exemple dans l'actualité belge des dix derniers mois. Evidemment, le sens de l'expérience collective que nous sommes en train de vivre est spécifique et mérite d'être analysé ; toutefois, pour ce qui est de la compréhension de la manière et des potentialités historiques des mouvements actuels, ce livre est tout simplement incontournable.
(recension rédigée par Emmanuel Belin - UCL)
Note de contenu : Traduit de l'anglais et refondu par Daniel Dayan, avec la collaboration de Julien Feydy et de Marianne Robert. Cet ouvrage est la traduction française de "Media Events - The Live Broadcasting of History" (Harvard University Press, 1992)
Importante bibliographieEn ligne : http://www.puf.com/ Réservation
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